La Fête du rédempteur
LE REDENTORE, une célébration vénitienne qui fête l'avenir
Chaque année à l’approche du mois de Juillet, les Vénitiens s’agitent. Combien y aura t-il de barques authentiques en bois pour la fête du Redentore ?
Pourrons nous traverser sans encombre et sans trop de foule le fameux pont votif ?
Car nombreux sont les voyageurs arrivant à la Serenissima pour admirer l’éventail des couleurs des feux d’artifices lancés au-dessus de la lagune.
Mais connaissez-vous la source même de cette célébration, vieille de presque 450 ans ?
C’est en 1577, que les festivités commencèrent.
Le but étant à l’époque de célébrer Venise, libérée de la Peste, une peste qui avait emporté avec elle un tiers des vénitiens entre 1575 et 1577.
En effet certes Venise jouit et souffre de son ouverture au monde, de son environnement marin permettant toutes les transactions, la circulation de tous les flux, mais du coup aussi l’arrivée de nombreuses les maladies. Peste, choléra, sont autant d’événements tragiques qui touchèrent les vénitiens, et plus tard le monde entier.
Au centre de ces festivités, la Chiesa del Santissimo Redentore, sublime église construite sur l’ile de la Giudecca à la demande du Senato della Repubblica Serenissima, afin d’éloigner cette épidémie par une intervention divine. Andrea Palladio, l’un des plus influents architectes italiens, fut à l’origine de ce projet. Bizarrement pour les sceptiques, ou naturellement pour les croyants, l’épidémie reprit la direction de la Lagune et quitta la ville, deux mois à peine après le début de la construction de l’Eglise.
La ville sauvée, l’idée d’une puissance divine confortée : l’heure est à la célébration.
Quelles sont les dates exactes de la Fête du Redentore en 2024 ?
À quelle heure aura lieu le feu d'artifice du Redentore en 2024 ?
Est-il nécessaire de réserver pour assister au feu d'artifice ?
Y aura-t-il un pont reliant Venise à la Giudecca pendant le Redentore ?
Quelles sont les autres activités pendant le Redentore ?
Comment réserver un bateau pour le Redentore ?
Quelles sont les traditions culinaires du Redentore ?
Le Redentore est-il une fête religieuse ou populaire ?
Quelle est l'origine historique du Redentore ?
Origine historique de la fête
La première « édition » eu lieu en 1577.
La fête commence en fin de la semaine du troisième dimanche de juillet. Les préparatifs commencent tôt. Cela est visible par la construction annuelle d’un pont de 330m reliant l’ile de la Giudecca (au niveau du Redentore) et le Zattere.
Évolution notable depuis la première fête de 1577, durant laquelle la liaison entre les deux îles était permise par l’alignement de bateaux, nécessitant, on l’imagine, un certain sens de l’équilibre.
L’événement a lieu le samedi (cette année, le samedi 20 Juillet), où les feux d’artifices éclairent de leurs lumières multicolores le ciel de nuit de la Serenissima, tandis qu’une multitude de petites embarcations ou tables sont dressées au bord de la lagune pour réunir famille et voisins devant ce si beau spectacle, et pour déguster la bonne cuisine vénitienne.
Le dimanche, le temps est accordé aux processions religieuses, même si certains passeront la matinée à se reposer après une nuit très arrosée. Après le café, on peut observer le dimanche après-midi la Regata del Redentore, où les petits puparini font une course féroce, précédée d’une procession.
De la peste à la pandémie :
comment célébrer la Résilience ?
Les chanceux visiteurs de Venise doivent s’y prendre en avance pour réserver une place ! Difficile d’imaginer que la fin de nos nouvelles épidémies donne lieu à des rassemblements, à de nouveaux pèlerinages ou à des célébrations comme le Redentore… Le souvenir désagréable de cette période difficile que fut la Covid laisse difficilement imaginer l’organisation de telles festivités. La covid, ayant fait des milliers de morts, à l’origine de la perte de tant d’emplois, ce virus qui nous a tant éloignés, cloitrés, confinés, immobilisés, déprimés, est même devenue un mot maudit.
Cependant, fêter les festivités du Redentore, c’est fêter la vie qui continue. Pas comme avant, certes, mais vers l’avant toujours.
S’il faut reprendre cette formule, on pourrait du moins trouver plus de raisons de fêter l’avenir, plus de motifs de célébrer notre unité, le retour à la normale, sans restriction de liberté, et de commémorer ceux qui ne sont plus là.
Mais avons-nous réellement envie de célébrer un passé que l’on préfère oublier ?
La tendance est aujourd’hui au « circulez, plus rien à voir ». Dans notre société traversée par les réseaux sociaux, l’immédiateté a supplanté la réflexion, le moment présent surplombe les souvenirs. Balayer sous le tapis, se hâter d’oublier, voici quelques-uns des grands maux de notre siècle. Si bien qu’aujourd’hui, les seules fêtes qui unissent vraiment, ce sont celles qui relèvent de traditions historiques (le 14 juillet), d’origines religieuses (Noel) ou culturelles (Fête de la Musique)…
Les autres célébrations sont comme les Petits-trains » de La Grande Bellezza, soit des longues « queuleuleu » qui ne vont nulle part. Ainsi, quelle occasion gâchée de fêter la fin de cet événement épidémique ayant marqué nos esprits pendant trois années.
Car tout passe et va, alors fêtons le bonheur d’être ensemble, tant qu’on est là.
Samedi soir hâtons-nous d’aller au Redentore.
Face à la beauté du spectacle auquel on assiste sur les rives de la Giudecca, on ne pourra pas dire que les vénitiens n’ont pas le sens des festivités…
Maurice Massimiliano Mességué